J’ai fait cauchemar

Je dis : « je me sens complètement surmenée.
Il me faut du temps. »
Il ne change pas d’expression.
Nous sommes en prison. Il est musclé, gros, et il a commis un certain crime. Nous sommes dans les toilettes masculines. Des excréments collent aux murs, pissoirs, au sol.
Évidemment, il ne parle pas ma langue. Ainsi, je ne peux pas mobiliser la sienne. Quand même, je lui dis ce qu’il me faut. C’est de l’intuition. 
Je sens que cela ne sert à rien. Il me manque la force pour lui parler différemment. Le courage.
Je le sens bander sur l’aine.
J’ai une boule à la gorge. Je ressens peu de peur.
Je crois, j’ai déjà abandonné.
Je sais ce qui se passera maintenant.
Puis je me réveille.

Tracer l’amour

Mon père m’enseigne les chiffres et les mois en français. On fait le même exercice à l’école, première année de cours de français. Les autres sont en difficulté d’énumérer, moi, jsuis exemplaire. Ça me plaît. Ils découvrent que je l’avais pratiquée avant. Des bruits de soulagement, d’injustice, d’évidence. Mes nouveaux apprentissages me plaisent toujours. Ma nouvelle langue.

Je lève la main. Ma prof de français m’appelle. Son appel sous-entend que jsuis bienvenue, bien écoutée. Que ça va être bien ce que ma tête construira, ce que ma bouche, ma langue, mes lèvres produiront. Elle prononce mon nom d’un tel charme que je me sens sourire. Rougir même.

On est peu, on est bien, on est aimé. On débat beaucoup. Là, justement. J’ai quelque chose sur le bout de la langue. La prof le voit, cette pensée en moi. Elle me fait un signe de tête me donnant la parole. Je suis touchée.

Des heures, des jours, des mois je bredouille en français, je baigne dans la langue. Je fais bouger ma bouche. Je fais sortir des sons nasaux, des euhh, toujours sur la deuxième syllabe. C’est la deuxième. Le bout. Le charme. Je rêve dans cette langue. J’idéalise. Tout est beau en français. Beaucoup plus beau qu’en allemand. Mille fois plus beau. J’écris à quelqu’un : « En français tout est plus vrai. Plus juste. ». J’en suis convaincue.

On reçoit les notes du bac. Quelques élèves pleurent. Ils doivent passer en rattrapage. Des larmes de fureur. La prof de français les voit. Elle-même commence à pleurer. Elle ne peut pas les réprimer, ses larmes. Qui sont les nôtres. Cette empathie m’accompagne tout au long des années. Je la vois, cette chaleur, ces bras. Il y a des situations qui le permettent. Je les cherche. Je les désire. Je pleure en quittant l’école. Pas pour mes amis, pas pour cet endroit. Quelque chose se brise.

J’ai un ptit-copain. Il est semi-français. Quelle surprise. On a qu’une semaine avant que je parte pour mes études. On passe chaque jour ensemble, on se promène, on s’embrasse. En se promenant dans la forêt, dans le vieux centre du village, on se dit des mots d’amour. De charme. De folie. Je l’écoute. J’adore l’écouter. On passe devant une boutique de bijoux. Il fait un grand geste en étendant son bras. « Ma chère Pauline, qu’est-ce que je peux t’offrir ? ». Il est dimanche. La boutique est fermée. Et tous les bijoux m’appartiennent.

Je rêve…mon amie

On est dans une grande salle avec des amis. On se dispute, une amie et moi. On crie l’une sur l’autre, bruyamment. L’émotion nous fait trembler. On s’éloigne. Mon amie reste avec les autres. Moi, je pars. Des personnes inconnues viennent m’accompagner, me demandent ce qui s’est passé. De manière distante. On échange. Je me sens tranquille. Et seule. Je rentre dans la grande salle. Les autres se trouvent autour de mon amie d’une façon protectrice. Je vais chez elle. Je veux lui parler. Seule. Elle refuse. Me repousse. Je reste. Je la touche. Je touche ses bras, ses cheveux, son visage. Elle pleure. Elle est tenue par une autre, des bras étrangers dans notre intimité. Légèrement, elle s’appuie contre moi.

Je rêve encore

D’une jeune femme qui est, avec sa maman, en voyage en bateau. Elles traversent la mer. Une brise légère. La voile reste assez tranquille et vibrante. En arrivant, la jeune femme est interrogée sur un sujet de moindre importance. Avant qu’elle puisse répondre, la mère répond pour elle. Une deuxième question sans importance. Elles se disputent. Chacune a raison, l’autre a tort.

Rêve se déroulant au théâtre. Mon théâtre de coeur. Cet enfant curieux veut le découvrir. Il court d’un étage à l’autre, grimpe sur la décoration, entre dans de nouveaux endroits. Une partie de sa robe s’accroche à la décoration, une clôture à lattis. Quelque chose se rompt (de la robe ou de la clôture n’est pas reconnaissable). Un moment de luicidité : j’ai fait quelque chose de mal. Je m’éloignerai vite de ce lieu du crime. En courant, l’enfant est attrapé par un homme de la sécurité. Celui-ci le prend et le jette sur une table, comme s’il ne pèse rien. Faible, chétif, méprisable. Une femme du service intervient. Elle dit qu’une telle action est intolérable. Désormais : interdiction d’entrer dans ce théâtre ! L’enfant, même si il l’avait déjà craint, est choqué. Il fait parler son coeur : Mais, j’aime le théâtre ! Des larmes sortent de ses yeux. Le combat n’est pas perdu. Continuant : s’il vous plaît ! Donnez-moi une deuxième chance ! Appel à la sensibilité des adultes.

Je rêve

Rêve d’une maman qui dit à son enfant que c’est pas possible de fêter noël ensemble (la raison n’est pas mentionnée). Ainsi, elle aurait réservé un hôtel pour son enfant, solution pragmatique. L’enfant fait un signe de tête, semble loin. La mère semble avoir constaté.

Rêve d’une répétition au théâtre. Quelqu’un m’est familier. Mais différent. Il se moque, il est vache. Tout est familier. Tout prend du temps.

Rêve d’une chasse. Deux parents séparés. Première scène : une fille qui habite chez sa mère, deuxième scène : une fille qui est en fuite avec sa mère, troisième scène : une fille qui habite chez son père et que la mère veut récupérer, quatrième scène : une fille qui frappe sa mère avec une serviette. La mère ne change pas d’expression. Les coups ne s’arrêtent.

Scherz am Rande

Ein Junge und ein alter Mann saßen sich an einem Tisch im Café gegenüber. Die Nachmittagssonne lag auf den Schultern des Mannes, im Gesicht des Jungen. Der Mann erzählte, der Junge hörte zu. Zwischendurch pausierten sie. Tranken. Lecker schmeckte die süße Schorle, die der Junge bestellt hatte.

Der Kellner kam, und bat die beiden, ihre Daten zu hinterlassen. Es waren diese Zeiten, in denen man sich überall in Listen eintragen musste. Als Treuebeweis. Dem alten Mann ging’s auf den Sack.

„Die denken wieder, wir sind Vater und Sohn!“, stänkerte er, denn der Kellner hatte ihnen nur eine Liste gebracht. Der Junge lachte. Der alte Mann gluckste. Und wenn’s so wär? dachte der Junge, und lächelte den alten Mann an. Wie wäre ich dann? Wie wärst du dann?

Mindestens ein Instrument würd ich spielen, und Noten rückwärts lesen können, Freunde hätt ich, und ulkig wär ich, und ziemlich peinlich würd ich dich finden. Prahlen würd ich mit meinem Wissen. Und gähnen, wenn’s ne Premiere gäb.

So spekulierte er fort, bis der alte Mann den letzten Schluck seines Kaffees austrank und, so der Lauf der Dinge, aufstand. Er erzählte dem Jungen beherzt, was er noch zu tun hatte. Der Junge nickte.

„Kann ich das abräumen?“, fragte der Kellner. Der alte Mann bejahte. Und ehe der Kellner ein Wort von der Rechnung sprach, fügte der alte Mann hinzu: „mein Sohn zahlt!“

Der Scherz war wärmend. Der Junge schmiegte sich ins Lächeln des alten Mannes. Er hätte ihm gerne einen Scherz zurückgegeben. Vielleicht auch was Provozierendes. Was Pubertäres, wie es Söhne tun. Der Mann schien zufrieden mit dem Lächeln und ging. Der Junge war auch zufrieden.

Dann, als er schließlich alleine war, aufgewühlt, wütend auf den alten Mann, was dieser sich erlaubte. Wie er ihn nannte! Aus heiterem Himmel.

Er beruhigte sich, machte es sich auf dem sanften Scherz bequem, und genoss die Sonne. Er war berührt, als wär‘s kein Scherz gewesen.

Ossobuco

Ein Sohn rief seinen Vater an, weil er seine Stimme hören wollte. Der Vater nahm den Hörer ab.

„Hallo?“

Dem Sohn gefiel die Gewissheit, zu jeder Minute, jeder Stunde, eine Begrüßung des Vaters zu hören.

„Hallo, Papa!“, euphorisch überschlug er sich und machte es sich mit dem Hörer am Ohr gemütlich.

Bald kamen sie auf die Krankheit des Vaters zu sprechen. Leider. Denn egal, was der Sohn sagte, der Vater vermochte irgendeine Assoziation zu seiner Krankheit herzustellen. Sprach er einmal von seiner Krankheit, dann drehte er minutenlange Kreise, wütete, tobte, litt. Der Sohn schaltete ab, sank in seine eigene Welt. Rauschen. Nebel. Dafür hatte er ihn nicht angerufen. Sein Selbstmitleid, seine Angst, sein Zorn. Er verlor seinen Vater und umgekehrt. 

Dann, irgendwann, fragte der Vater: „weist du denn schon, was du dir heute Abend kochst?“

Der Sohn schüttelte den Kopf. Schwieg. Paprika mit Gehacktem? Pfannekuchen? Nudeln?

Der Vater wartete nicht lange, begann von seinen Essensplänen zu erzählen. Lebendigkeit kehrte ein. Detailliert beschrieb er dem Sohn, wie er das Ossobuco zubereiten wollte, was er garen, wie lange er es köcheln und womit er würzen wollte. Der Sohn interessierte sich, denn er wusste, dass der Vater gut kochen konnte und dass ihm gutes Essen viel bedeutete. Er stellte Fragen und versuchte zu verstehen, welche Arbeitsschritte es einzuhalten galt. In diesen Momenten spürte er seinen Vater. Lächelte am anderen Ende der Leitung und trocknete seine Tränen.

Sie verabschiedeten sich. Der Sohn begann zu kochen. Und es schmeckte. Besser als das Essen.

Musik im Haus

Ein Junge lag in seinem Bett und versuchte einzuschlafen. Das Flurlicht leuchtete durch die angelehnte Zimmertür. Er spürte es auf seinen Liedern. Nicht so, dass es ihn störte. Es wärmte. Um einzuschlafen, zählte er Schäfchen, dachte an ein schwarzes Loch, das rotierte, fuhr über die Hügel der Raufasertapete. Half alles nicht.

Plötzlich ertönte Musik im Treppenhaus. Wo kam sie her? Träumte er? Er schlug die Augen auf. Das vertraute Licht im Spalt. Kraftvolle Musik direkt unter ihm. Kein Traum. War das Disko? Eine Disko im eigenen Haus?

Er stand auf und tapste die Treppe runter. Mit jeder Stufe kam er dem Bass näher. Kalt waren die Flurfliesen unter seinen nackten Füßen. Die Musik kam zweifelsfrei aus dem Wohnzimmer. Laut. Kraftvoll. Rhythmisch. Viele Begriffe, mit denen er nichts anzufangen wusste. Er zögerte. Wer hatte die Musik angemacht? War jemand außer ihm und seinen Eltern im Haus? Er fasste seinen Mut und griff an die Klinke.

Alles war dunkel. Im Kaminofen brannte Feuer. Es leuchtete orange, gelb und rot. Der Bass war voll zu hören. Eine Schallplatte drehte ihre Runden. She’s an easy lover, She’ll get a hold on you believe it, She’s like no other, Before you know it you’ll be on your knees. Sein Vater stand in der Mitte des Wohnzimmers. Die Beine angewinkelt, die Finger gespreizt, den Kopf im Nacken. Er sang aus vollem Herzen. Was der Junge sah, verstörte ihn. Sein Vater bemerkte ihn und tanzte weiter. Der Junge trat ein und setzte sich vor den Kaminofen. So musste Disko sein.

 

Illustration: Freya Lina Knauer

Leutnant in deiner Armee

„Komm in meine Armee, dann bist du mein Leutnant“, sagt sie. Nachts, wenn sie schon im Bett liegt, und ich mit geputzten Zähnen im Zimmer erscheine. Sie wirft die Decke auf und lädt ein, mit ihrem linken Arm. Ich krieche zu ihr, schmiege mich an ihren warmen Körper. Spüre ihr Herz, ihre Brust, ihren Bauch. Vergrabe mich in ihrem Gesicht. Es liegt leicht über mir, mit Augen, deren Lieder sich kurz aufklappen. Sie lächeln zu mir herunter. Der lange Mund folgt. Dann schließen sich die Lieder wieder. Alles gut. Alles beisammen. Hinter dem gelben Laternenlicht, das durch die Ritzen im Rollladen schimmert, liege ich in ihrer Armee. Bin ihr Leutnant. Schaue auf das gelbe Sternenmuster an der Wand.

Sie zuckt, wenn ich mich bewege. Greift nach meiner Hand. Ihr Körper reagiert auf meinen. Spürt mich neben sich.

Wir lachen einander zu. Sehen einander.

Irgendwann drifte ich ab. Sie ist eingeschlafen. Das Bett ist zu klein. Schön, dass es dich gibt. Wunderschön.

Nackt und transparent

Wenn es sich so anfühlt, das Aufwachen nach einem chirurgischen Eingriff, der einst tatkräftig und kalkuliert versuchte, es zu richten oder gar zu errichten, sodann will ich mich auf die Stelle ins Krankenhaus begeben, mich unter die Klingen werfen, zuvor bis aufs Nötigste enthüllen, ja, vielleicht gerade drum, tragen sie dort bloß weiße, luftige Gewänder, in denen es sich, so glaube ich, ausgezeichnet atmen lässt, und vielleicht gerade drum, sind sie auf der Straße so schichtenweise bunt ummantelt, dass einem gar schwindelig werden kann; nach so einem wundersamen Aufenthalt in der Chirurgie, in der man es wässrig schwenkte, behutsam massierte und Yo-Yo-flugartig in die Höhe schnellen ließ, da verweile es für einige Sekunden, ja, es suhle sich in einem mit Lammfell bedeckten Schaukelstuhl, mit ruhig anhaltendem Puls, wie ein Ausstellungsstück, nackt und transparent, sowie man es sezierte, das geerdete Herz.