On est au balcon, nous deux. Proches. Les mouvements sont fluides, de temps en temps on se tient dans les bras. L’air est humide, on sent la pluie, les arbres mouillés. Selon moi, ceci fait partie de la définition du sud. Selon lui, cela n’est pas du tout le sud. C’est un conflit ouvert depuis longtemps. À l’intérieur on entend du rock. J’apprécie l’ambiance. Je corrige, je veux l’apprécier. Cette volonté fait que je rigole exhaustivement quand on fait des blagues, peut-être même suraiguë. J’ai la chair de poule, même s’il y a pas grand-chose qui me bouscule. Je suis loin.
Toujours au balcon. Je lui raconte mon hypothèse. Je pense que chacun a un ton propre en lisant. Un ton qui suscite une certaine ambiance, des émotions, et qui s’applique naturellement quand on commence à lire quelque chose indépendamment du contenu. Par exemple, moi, quand je lis à haute voix, mon ton est mélancolique, langoureux, un peu mou. Je me souviens que ma mère me lisait de la même manière. Je crois que c’est le ton de mon enfance, le ton de ma mère dans mes oreilles, dans mon cerveau. Lui, mon « frère » au balcon, a un ton joyeux, qui rend les enfants curieux et fait fasciner. Un goût pour l’inconnu. Ses parents sont professeurs !